Une église classée exceptionnelle
Notre passé est garant de notre avenir. Les commencements de la seconde église de Saint-Norbert. Voici quelques étapes des commencements de la seconde église de la paroisse de Saint-Norbert.
1868
En 1868, la première église de Saint-Norbert, entièrement en bois, bâtie en 1846 par Onésime Généreux au coût de 550 $, menace de tomber en ruine. À la fin d’une visite à Saint-Norbert, le 21 octobre 1868, Mgr Ignace Bourget, évêque du diocèse de Montréal dont cette paroisse fait alors partie, ordonne d’entreprendre toutes les démarches nécessaires pour construire une nouvelle église.
1873
Le jeudi 9 octobre 1873, Mgr Édouard-Charles Fabre, évêque coadjuteur de Mgr Ignace Bourget, évêque de Montréal, visite la paroisse de Saint-Norbert. L’envoyé de Mgr Bourget ordonne que d’ici au 1er septembre 1874, l’on fasse les démarches nécessaires pour construire une nouvelle église.
Le 10 décembre 1873, la majorité des paroissiens de Saint-Norbert appuie une requête destinée à Mgr Ignace Bourget dans laquelle 114 propriétaires demandent la permission de construire une nouvelle église et une nouvelle sacristie en pierre et de faire des réparations au presbytère.
1874
Le 20 février 1874, Mgr Ignace Bourget, évêque catholique de Montréal, émet un décret par lequel il accorde la permission de construire à Saint-Norbert, une nouvelle église et une nouvelle sacristie en pierre et de faire certaines réparations au presbytère.
Le 23 avril 1874, les paroissiens de Saint-Norbert élisent trois syndics pour superviser et diriger la construction de la seconde église et de sa sacristie ainsi que les réparations à faire au presbytère. Les trois syndics élus sont : François Lavallée, élu à l’unanimité, Dieudonné Denis et Jean-Marie Paradis, élus à la majorité des voix. Le 20 mai 1874, les syndics reçoivent l’autorisation de préparer les plans et devis des travaux à faire, une estimation des dépenses prévues par les constructions projetées ainsi qu’une répartition des cotisations demandées aux contribuables. La répartition de l’ensemble des 461 cotisations prévues devrait rapporter 29 093.85 $. Le 26 juin 1874, les syndics choisissent François Lavallée pour être leur président et ils engagent le notaire Norbert Roch, de Saint-Norbert, pour être leur secrétaire.
Le 8 août 1874, les plans et devis préparés par le Père Joseph Michaud, religieux Clerc de Saint-Viateur (1822-1902), sont déposés au presbytère de Saint-Norbert. On y a joint un calendrier des travaux qui devraient être confiés aux entrepreneurs à partir de juillet 1875 pour se terminer en octobre 1877.
Le samedi 14 novembre 1874, devant le notaire Norbert Roch et en présence de Maxime Robillard, forgeron et témoin, les syndics François Lavallée, Dieudonné Denis et Jean-Marie Paradis passent un marché avec Georges-Félix Héroux et Joseph Héroux, tous deux entrepreneurs demeurant à Yamachiche, pour tous les ouvrages de maçonnerie, de charpenterie et de menuiserie requis pour la construction d’une église et de sa sacristie et pour les réparations du presbytère à Saint-Norbert, moyennant le prix de vingt-huit mille dollars.
1875
À la fin de juillet 1875, les réparations du presbytère sont terminées. Trois mois plus tard, on a accompli les travaux suivants : maçonnerie de la sacristie et pose de sa couverture et maçonnerie des murs de l’église jusqu’à la hauteur de l‘appui des fenêtres.
1876
Le 20 août 1876, une assemblée regroupant 66 propriétaires demeurant dans la paroisse de Saint-Norbert décident par 37 voix contre 29, d’assurer pendant trois ans contre le feu et le tonnerre, l’église et la sacristie en construction, et ce jusqu’à un montant de dix mille piastres ou dollars.
Le 31 octobre 1876, les entrepreneurs ont terminé la construction de la sacristie et ils ont complété la maçonnerie de l’église. La date 1876 gravée à l’extérieur de l’église, sur une pierre au-dessus de la porte principale, est celle de l’achèvement de la maçonnerie de l’église. En 1876, les entrepreneurs ont aussi mis en place la couverture de l’église.
1877
Le 3 juin 1877, une assemblée des anciens et nouveaux marguilliers et des paroissiens de Saint-Norbert accepte majoritairement les contributions offertes à la Fabrique paroissiale par Joseph-Sidoine St-Aubin, curé, et par François Lavallée pour les cloches et la dorure de la voûte de l’église.
Ces donateurs s’engagent à fournir à la nouvelle église, trois cloches qui seront importées de la firme Meneely & Kimberly, établie à Troy (New-York), aux Etats-Unis d’Amérique. Ces cloches devront être livrées au quai de Berthier. La plus grosse cloche pèsera 2 000 livres et les deux autres auront chacune un poids calibré de telle sorte que l’ensemble du carillon puisse émettre un accord agréable. Les engagements de ces donateurs seront tenus à condition que les syndics puissent dégager en faveur de la Fabrique une somme de neuf cents dollars provenant de la répartition ainsi que de l’argent recueilli lors de certaines collectes. De plus, le curé Joseph- Sidoine St-Aubin et François Lavallée promettent de donner jusqu’à 60 $ pour la dorure dans la voûte de l’église.
Le 4 juin 1877, les syndics de la paroisse de Saint-Norbert acceptent de transmettre à la Fabrique de Saint-Norbert la somme de 900 $ demandée à titre de leur contribution au paiement des trois cloches de l’église. Le 8 juin 1877, les familles de Georges Sylvestre, Norbert Dauphin, Delphis Laporte, Louis Lambert et Albert Laporte fournissent un montant additionnel de 500 $, soit 100 $ par famille, pour acquitter le prix des cloches de la seconde église de Saint-Norbert.
Le mercredi 1er août 1877, les travaux à l’intérieur de la nouvelle église ont suffisamment progressé pour que l’on soit en mesure de procéder à l’inauguration officielle de la seconde église de Saint-Norbert.
C’est une journée mémorable au cours de laquelle Mgr Édouard-Charles Fabre, évêque de Montréal, consacre la nouvelle église et administre le sacrement de la Confirmation à plusieurs personnes. Mgr Louis-François Laflèche, évêque des Trois-Rivières, bénit les cloches entourées de nombreux parrains et marraines. Une trentaine de personnalités du monde civil et une cinquantaine d’ecclésiastiques accompagnent la population de Saint-Norbert à cette inauguration rehaussée par la musique de la fanfare du Séminaire de Ste-Thérèse. Un banquet est offert à plus de cent convives.
Le 3 octobre 1877, le Père Joseph Michaud, Clerc de Saint-Viateur et architecte, demeurant au Collège de Joliette, présente un rapport favorable portant sur tous les travaux accomplis lors de la construction de la seconde église et de sa sacristie à Saint-Norbert : «Le tout à ma grande satisfaction et fait suivant les plans et devis. Je ne peux que louer Mr l’entrepreneur pour la solidité et la propreté de son ouvrage.» Le 20 octobre 1877, devant le notaire Norbert Roch, les trois syndics François Lavallée, Dieudonné Denis et Jean-Marie Paradis prennent connaissance du rapport favorable émis par le Père Joseph Michaud et, en conséquence, ils libèrent les entrepreneurs Héroux de tous leurs engagements contractés le 14 novembre 1874 envers les Syndics de la paroisse de Saint-Norbert. Il restera aux syndics ou à la Fabrique le soin de compléter certains éléments de l’ameublement du sanctuaire et de l’ornementation de l’église qui n’étaient pas mentionnés dans le contrat du 14 novembre 1874.
1880
Encore une fois, la générosité est au rendez-vous à Saint-Norbert ! Quinze propriétaires proposent aux marguilliers de contribuer à l’achat d’un orgue et de son installation dans la nouvelle église, à raison d’une somme de 100 $ versée par chaque donateur. Pour sa part, Pierre Roch désire ajouter 380 $ aux 120 $ qu’il a déjà donnés dans le même but. Ces offrandes dont le total atteint 2 000 $ en faveur de l’orgue de l’église sont faites pour témoigner de la reconnaissance de leurs donateurs à la suite des grâces qu’ils ont reçues de Dieu. Le curé Joseph-Sidoine St-Aubin n’est pas en reste : il offre une contribution personnelle de 200 $ à la Fabrique de St Norbert pour lui fournir le moyen de faire fabriquer et installer une chaire dans la nouvelle église. Les marguilliers et les paroissiens réunis en assemblée le 11 juillet 1880, prennent ces offres en considération et ils les acceptent avec reconnaissance. L’assemblée autorise ensuite monsieur le curé Joseph-Sidoine St-Aubin à commander l’orgue et la chaire et à les faire installer dans la nouvelle église.
Le 12 octobre 1880, en présence du notaire Edward McIntosh, résidant à Montréal, le curé Joseph-Sidoine St-Aubin passe un marché avec le montréalais Louis Mitchell, facteur d’orgues. Celui-ci s’engage à fabriquer un orgue qui devra être installé dans l’église de Saint-Norbert pour le jour de Noël 1880.
1881
Le 28 mars 1881, devant le notaire Arthur Pichette, résidant à Saint-Norbert, Louis Mitchell, facteur d’orgues, déclare avoir reçu la somme de seize cents piastres pour la fabrication et l’installation de son orgue à Saint-Norbert et il en donne quittance générale et finale au curé de la paroisse, monsieur Joseph-Sidoine St-Aubin.
Le lundi 26 septembre 1881, les syndics François Lavallée, Dieudonné Denis et Jean-Marie Paradis, nommés pour représenter la Fabrique de Saint-Norbert durant la construction de la seconde église et de sa sacristie ainsi que durant certaines réparations au presbytère, prennent acte que tous les ouvrages qu’ils avaient à superviser sont terminés et que toutes les sommes d’argent qu’ils devaient percevoir ont été reçues. Ils mettent fin à leur tâche de syndics et ils remettent au curé de Saint-Norbert tous les documents et autres biens de leur corporation de syndics ainsi que l’argent qui leur reste en main, soit 32.00 $. La seconde église de Saint-Norbert aura coûté 30 150.22 $.
Dans les derniers jours de septembre 1881, monsieur Joseph-Sidoine St-Aubin quitte la paroisse de Saint-Norbert où il a servi la communauté chrétienne durant 22 ans. L’Évêque de Montréal le nomme curé de la paroisse Saint-Joachim, à Pointe-Claire, dans le diocèse de Montréal. Au moment de jeter un dernier regard vers l’église paroissiale de Saint-Norbert pour laquelle il a déployé toute son ardeur et toute sa générosité, monsieur le curé Joseph-Sidoine St-Aubin peut dire au Seigneur : « Mission accomplie ! »
Le site de l’église à l’automne de 1905
C’est notre église, le seul monument historique de St-Norbert encore présent et intact pouvant témoigner de cette époque où les gens pouvaient se rassembler autour d’un grand projet collectif.
À gauche, le premier presbytère qui fut incendié au jour de l’an 1909.
Au centre l’église, remarquez, la cheminée est au centre de l’église et le toit n’est pas encore recouvert d’acier.
À droite, le couvent qui fut démoli en 1956 pour faire place à l’École Ste-Anne.
Recherche et rédaction : Réal Aubin, 2e édition, 2010.
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